l’echo du silence, Robert J. Hughes 2011

L’ÉCHO DU SILENCE

A chilly peace infests “L’Écho du silence,” a show of Camille Cloutier’s drawings at Galerie Marie Cini in Paris, through June 4.

In one, the hollow figure of a faceless man dangles from a green ribbon. In another, a man similarly blank is festooned with feathers and peers off into a distance while standing atop a pile of tendrils. Two figures, one with his head on the other’s shoulder, stand on a the slipper edge of a cliff that drips colors. These are faces imperfectly beheld, the hermetic memory of barely living.

Coutier defines her figures by a thin line, the sketch of a presence, ethereal beings in a trancelike universe. The colors in these drawings – a combination of ink and paint – are the representations of a strange physicality, as if a dew sufficed itself and the triviality of life amid the vastness of an unknowable eternity becomes a question never asked, never answered. These dreamlike drawings have an unsettling calm that is at the same time rather sad, a day emptied by the sun into the sea and eternally unknown.

But at the same time, these drawings edge away from tragedy, accepting the unknown quantity as a given in our existence. No one really knows anything; even our senses observe what is around us through faulty lenses. There is no interaction, really, between people to allow for the misunderstandings that lead to personal downfall.

The details here are in the colors, not the figures rendered as absent clouds of what might have once been human. The colors are vibrant, articulated against a background of inarticulate humanity that annuls an image of what it cannot ever achieve.

The crush of personal aggrandizement at the expense of others is evident, here, though, as in “Sans que meurent les jours” —or, without the days dying. A blank figure, robed, crowned, holding a scepter, stands atop a pile of bodies equally blank, the rubble of fallen humanity in a world where power is ultimately meaningless.

But it says something for the delicacy of Coutier’s conception of reveries of despair that her drawings of faces and figures devoid of love or grace feel as thoroughly at ease to our eyes as if they were old acquaintances. They’re unsettling, but familiar.

-- Robert J. Hughes, a writer living in Paris

http://www.artslant.com/par/articles/picklist#p23519

Ut graphein poesis = C’est un coeur de papier luc jeand heur 2011

Ut graphein poesis = C’est un coeur de papier

“Il est rare que la réalité, même aux yeux de ses clients les plus assidus, s’offre sous la forme d’anecdotes brillantes qui font de chaque instant une leçon et s’enchaînent au fil d’histoires merveilleuses menant invariablement à des rencontres.”
Paco Ignacio Taibo II, Le trésor fantôme, 1992

“ - Que Diable est un artiste sur Terre ?
- Un observatoire en sous-sol.”
Vladimir Nabokov, Ada ou l’Ardeur, 1969


Chimères graphiques

Camille est une artiste peintre qui dessine. Son trait rond n’est pourtant pas la frontière entre le dessin et la peinture2, ce n’est clairement pas du coloriage, mais le le fil d’Ariane qui connecte poésie et iconographie, objets-sujets et couleurs sur le papier. La peinture n’est pas chez Camille le rêve du dessin, elle est son autre bord. Ils se regardent en amis et échangent des signes. Les résonances se croisent dans une sorte de corps-à-corps d’où émerge un substrat hétérogène de tous les arts confondus, qu’ils soient beaux ou populaires, à travers une grande circulation des éléments et un rapport constant d’émulation réciproque. 
Les dessins de Camille ne sont pas des pages arrachées à un livre d’illustration ou un carnet de croquis. Ils donnent à voir un syncrétisme et un surréalisme assumés à part entière de manière autonome. Il y a toujours des jeux enthousiastes de rebonds, de libre échange, une animation de surface, de glissements sémantiques et de chutes dans l’espace du papier, avec la même énergie de composition organique arrachée aux rêves et aux cauchemars. Ils nous dressent les tableaux d’un univers juste au bout de la main qui illustrent une mythologie personnelle éclatée et étrange, une méditation onirique un peu torturée, une complexité ludique et intranquille, une vision pétillante et spleenétique qui enchantent autant qu’elles déconfortent.  La multiplicités des éléments et de leurs référents de nature qui prolifèrent implosent les identités. La représentation est un processus de mutation esthétique auquel l’artiste donne son nom, un lieu de trans(e)formation du récit en figures comme le dirait un hybride Arasse-Moebius3. L’hybridation est une forme de construction d’un nouvel ordre visuel, d’un monde en chantier qu’il faut chaque jour reconstruire autrement. Elle dessine aussi une volonté gourmande d’appropriation, et paradoxalement d’homogénéisation.
Albrecht Dürer disait que “Celui qui veut créer une oeuvre de rêve doit mélanger toutes choses.” mais si le vocabulaire de l’artiste n’a pas de réelle nostalgie du réel, le regard porté vers l’imaginaire est toujours solidaire de son temps et de sa réception.
Enfin, le mot “enfantin” est souvent cité comme référence rassurante, mais il n’est présent dans le travail de Camille que pour être déjoué et déjouer le regardeur. Son travail ne partage du monde de l’enfance que le même élan pour le jeu, l’impureté et le plaisir ; et peut-être aussi pour une certaine forme de délicieuse cruauté (humour noir en couleur). Ce qui s’en expose est celui d’une artiste qui joue avec et se joue des codes de cet univers d’enfance -l’adulte qui joue à l’adulte qui joue à l’enfant. Les agents doubles font ici les lois - double regard, double lecture, double jeu, double pensée… et redoublent encore. A sa manière, Camille nous dit quelque chose, en même temps, elle nous fait voir autre chose, en même temps, ce qu’elle nous fait voir nous dit autre chose, en même temps, ce qu’elle nous dit est sous ce qu’elle nous montre. Il faut accepter de se faire recréer les yeux.


le peuple de Camille

Les personnages-chevaliers blancs4 de Camille sont pris dans des situations impossibles où ils jouent des rôles de figuration défigurée. Ils semblent à peine être venu à notre monde faire un signe. Hommes de ligne sans visage, anatomie d’un modèle pas académique cerné d’un trait et plein de vide, d’un humanisme simplifié nés d’une gestuelle de corps qui s’abandonnent à un jeu contre-nature avec les formes, les couleurs et les lettres. On pense logiquement à des spectres non lumineux. Comme le fantôme, chaque personnage n’est que de la représentation et paradoxalement une apparition, c’est-à-dire de l’image qui se montre et pas seulement de l’image qui se voit. Un célibataire absolu échappé d’une 4e dimension qui s’avère ici, avec l’art, “la seule chose qui résiste à la mort"5, avec peut-être cette idée que la figure humaine est ici un acte de l’art, c’est-à-dire un dessein du dessin -métaphore filaire de l’être-trait ou “êtrait”, là où elle manque et en même temps, elle ne manque pas. Humanité en voie d’abstraction, idéogramme fétiche, totem golem, un corps que l’on peut manipuler comme la poupée de chiffons d’un jeu symbolique ou le mannequin d’une vitrine, le jouet doublement plastique de l’artiste qui va servir à activer tout un ensemble d’histoires. Dans un monde d’image, la condition humaine n’est-elle pas qu’un régime de représentation ?


le plaisir du texte en version originale sous-titrée

Dans la Grèce antique, le mot “graphein” désignait aussi bien l’écriture que le dessin. Ceci étant dit6, “L’écriture est ceci : la science des jouissances du langage."7 nous éclaire plus sur les intentions de Camille qui va à sa manière réconcilier la vue et l’ouïe -la petite voix entêtante dans l’acte de lecture. L’artiste est l’auteur qui maîtrise l’artifice du jeu de mot, de la dérision, du décalage, et surtout de la suggestion.
Le langage est investi dans un jeu de quitte ou double, distance et évidence, apparition du sens et résistance au sens. Deux lisibilités sont alors possibles face aux mots écrits à la main libellés sous/sur chaque dessin.
Sous : c’est un titre que le cartel de médiation ne fait que reproduire. Tatoué directement sur la peau-papier et sans retour. Un point final. Jean Dubuffet disait que la fonction de l’artiste consiste autant
 à créer des images qu’à les nommer. Cette “titraison” est une manière d’achever l’oeuvre, rhétorique plastique traduisant le dessin en image mentale pour la cataloguer. La langue pour s’approprier le territoire comme le ferait un explorateur.
Sur : c’est un sous-titre qui esquisse un autre point de vue. Au-delà et littéralement en-deçà des images, une légende scripturale. Point de départ et voix off. Quelque chose de la formule magique à l’énoncé. Le texte fait de la préfiguration à la figuration et fait écho aux traits et couleurs avec une certaine ironie empathique ou une empathie ironique.
Les personnages humanoïdes et objectoïdes semblent tellement absorbés dans leurs dess(e)ins qu’ils ne semblent tenir aucun compte du spectateur (et de toute façon, ils n’ont pas de bouche), au point que celui-ci ne peut se « déplacer » à l’intérieur du dessin et reconnaît son absence de la figuration. Camille prend la « plume-parole » pour s’adresser au spectateur, expliciter le jeu des contradictions et partager le plaisir du texte, avec la langue. Et c’est dans cet usage du langage que le «NOUS» apparaît dans l’acte écrire/lire-lire/lier. Une troisième interprétation peut alors être envisagé : avec8.

le cri
Le titre L’écho du silence semble suggérer que le dessin de Camille serait l’écho de sa peinture et son tant discuté « silence de la peinture »9. La question qui se pose : est-ce le silence où simplement le fait qu’on y entend rien ? L’écho du silence est assourdissant. Il remplit tout l’espace d’une respiration -dont l’écho serait alors une inspiration. Certains disent que le vrai silence se trouve quand tout le monde parle en même temps. Les dessins de Camille ne sont pas silencieux, ils se remplissent du silence qu’elle choisit d’inventer et d’exprimer avec une certaine extravagance. Une cuisine riche d’alchimie et de transposition. Passer par le crayon, passer par la couleur, passer par les mots, passer par des tours de passe-passe, pour inventer des histoires “avec des blocs de lignes-couleurs"10 qui nous racontent : “En fait, ce monde est mon monde, tous ses pays et tous ses habitants, toutes ces mers et toutes ces montagnes, tous ces horizons et tous ces objets, le blanc de ses nuits et les couleurs de ses jours, ses jolies choses et ses noirs desseins, un monde que je partage avec vous et que vous partagez avec moi.”


Bonus track

1titre d’une chanson de Joe Dassin, 1967
2 l’une des caractéristiques du dessin contemporain est que ses frontières sont ouvertes, on n’est plus dans la dialectique classique couleur aux yeux/dessin à l’esprit, on accepte l’idée que le dessin a son propre contenu protéiforme, le dessin contemporain est un couteau suisse!
3 Daniel Arasse, historien d’art-Moebius, pseudonyme de Jean Giraud, dessinateur et scénariste de bandes-dessinées
4 bien que le blanc soit une valeur et non une couleur, obtenue par mélange de la lumière toutes les couleur
5 André Malraux
6 comme on appris à le faire tous les textes qui parlent du dessin contemporain
7 Roland Barthes, Le plaisir du texte, 1973
8 “Les rêves les mieux interprétés gardent souvent un point obscur ; on remarque là un noeud de pensées que l’on ne peut défaire, mais qui n’apporterait rien de plus au contenu du rêve. C’est l’ “ombilic” du rêve, le point où il se rattache à l’Inconnu. Les pensées du rêve que l’on rencontre pendant l’interprétation n’ont en général pas d’aboutissement, elles se ramifient en tous sens dans le réseau enchevêtré de nos pensées.” Sigmund Freud, L’interprétation des rêves, 1900
9 Le silence de la peinture est une notion qui a donné depuis la Renaissance tellement de travail aux historiens d’art qu’elle est devenue une sorte de tarte à la crème de la multiplicité des sens qui lui ont été donné : rapport de fraternité poésie("peinture parlante")/peinture("poésie muette") au XVIIe où ces arts sont décrits comme “soeurs” ; rapport au récit et la mythologie ; rapport à la manière des artistes (par exemple, le Rococo était dit “tapageur") ; rapport romantique à la représentation classique de l’expression de la douleur ; rapport à l’expérience contemplative de sidération du spectateur (silence ontologique et syndrome de Stendhal où la peinture est idéalisée en art absolu du sensible) ; rapport à un nouveau réalisme où le spectateur s’enfonce dans ses réflexions ; rapport concret à l’abstraction objective pour échapper à la narration de la figuration et celle de la référence ; rapport aux apôtres de l’absorbement qui confondent peinture et prière ; rapport aux mauvais esprits qui accusent la critique d’avoir voler la langue et la parole à la peinture ; rapport littéral aux technologies sonores d’une peinture contemporaine sauce multimédia ; rapport à son impuissance politique à changer aujourd’hui le monde occidental… il doit y avoir autant de silences que de peintures, et au final tout cela fait beaucoup de bruit au point qu’on n’y entend plus rien.
10 Gilles Deleuze
11 dessin, dessein, des seins, des saints, dès seing, dé sain, desse un, d’esse hun, d’est-ce un, d’aisse Ain, d’ecce uns, de ce haim, D s1, jette l’encre dans le feutre à l’eau, D cinq, dans l’aquarelle, destin, dans la peinture à l’eau, déesse hein, Joe Dessin ???

Camille Cloutier : Paradis Artificiels (ou non). Entretien avec l’artiste.

Les dessins de Camille Cloutier montrent bien autre chose que ce qu’on est en « droit » d’attendre. Ils révèlent à la fois un en-dessous du corps et un au-delà du monde. Ils provoquent à la fois un vide et un plein. Le regardeur se trouve confronté à la nécessité d’une attention ouverte par ce qui surgit comme en suspension dans l’air. Le dessin entraîne vers des horizons imprévus, des terreurs primitives, des extases inavouables.

A la recherche d’une dynamique subtile et de l’équilibre parfait les dessins les plus simples jouent d’une confusion très organisée afin que jaillissent les énigmes de l’être. Une légèreté se dégage : elle contrebalance l’accumulation des formes, leur donne tout son sens. Le vide qui circule libère l’élégance des formes et des couleurs. Le dessin s’envole, il est parfait. C’est un oiseau qui danse en pleine majesté.  Le charme du charnel prend une dimension verticale, aérienne. La beauté est en éclats et volutes élégants, lumineux.

Dans des architectures suspendues des mariages se font . Un soleil perce par successions d’ovales.  L’œuvre rend sensible le vide qu’elle tente de combler. Elle intervient comme une fuite en avant, une superfétation de formes et de couleurs dont le caractère parfois incertain signale le caractère ineffable d’une vérité qui ne peut se laisser enfermer.  L’image repousse ce qu’elle aborde, refuse ce qu’elle est sur le point de recevoir. En cette « parade » le désir d’étreindre et celui de renoncer jouent à fond. Chaque dessin figure l’en-dedans qu’il réussit à faire passer au dehors.

Jean-Paul Gavard-Perret

CAMILLE CLOUTIER

Qu’est-ce qui vous fait lever le matin ?
Le cri d’un enfant, le cri de deux enfants, la migraine


Que sont devenus vos rêves d’enfant ?

C’est une sac que j’ai toujours sur moi , où je pioche quand je n’y crois plus

A quoi avez-vous renoncé ?
A être immortel


D’où venez-vous ?

Annecy pour une enfance digne de punky brewster, Charolles pour m’apprendre des valeurs profondes, Marseille pour penser l’art en ébullition, New York pour remettre à plat cette pensée, Bruxelles pour être une suite de soi

Qu’avez-vous reçu en dot ?

“Mon frigidaire
Mon armoire à cuillères
Mon évier en fer
Et mon poêle à mazout
Mon cire-godasses
Mon repasse-limaces
Mon tabouret à glace
Et mon chasse-filous
La tourniquette
A faire la vinaigrette
Le ratatine-ordures
Et le coupe-friture “ boris vian


Qu’avez vous dû “plaquer” pour votre travail ?

La routine de la vie.


Un petit plaisir - quotidien ou non ?

Le moment où je trouve la position “juste” sur mon oreiller pour m’endormir et que je ferme les yeux.


Qu’est-ce qui vous distingue des autres artistes ?

Beaucoup de cheveux.


Quelle fut l’image première qui esthétiquement vous interpella ?

Une peinture de Kandinsky au musée Pompidou qui devient une affiche souvenir dans ma chambre d’enfant.

Et votre première lecture ?
« Cuisine de nuit» de Maurice Sendak


Pourquoi votre attirances vers le dessin ?

Repenser le dessin après des études académique à New York.
L’importance du blanc, l’importance du vide
La fragilité du papier, qui pour le moment est en symbiose avec ce que je raconte.


Quelles musiques écoutez-vous ?

Christophe et ses mots bleus, Bashung pour son bleu pétrole et les Rita Mitsouko pour leur cool frénésie mais sinon je suis une fan d’émissions de Radio , ainsi j’écoute peu de musique car sinon j’ai trop mauvais goût


Quel est le livre que vous aimez relire ?

« La route » de McCarthy


Quel film vous fait pleurer ?

« Sur la route de Madison », ok ok je suis très fleur bleue mais j’assume car j’adore pleurer devant ma tv.

Quand vous vous regardez dans un miroir qui voyez-vous ?
Qu’est ce que je fais de mes cheveux aujourd’hui.

A qui n’avez-vous jamais osé écrire ?
je déteste écrire des lettres car mon écriture est moche alors je fais des dessins mais je les envoie jamais et un jour, pourtant ils murmurent à l’oreille de la bonne personne.


Quel(le) ville ou lieu a pour vous valeur de mythe ?

Le village dans les nuages bien sur !!!! quelle question !!!!

Quels sont les artistes dont vous vous sentez le plus proche ?
Philippe Guston, Wyanne thiebaut, Giotto,

Qu’aimeriez-vous recevoir pour votre anniversaire ?
Les clefs du village dans les nuages

Que défendez-vous ? 
L’ amour, je pense qu’il est encore possible d’être 50 ans avec la même personne mais c’est un travail de tous les jours

Que vous inspire la phrase de Lacan : “L’Amour c’est donner quelque chose qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas”? 
Lacan doit reprendre la base de sa pensée car sans amour on ne construit rien, la famille, aussi détestable soit-elle, est la seule fabrique de l’être humain,


Que pensez-vous de celle de W. Allen : “La réponse est oui mais quelle était la question ?”

Si j’ai peur ?

Quelle question ai-je oublié de vous poser ?
Comment ça va ? comme toute conversation normale qui commence ! (mais où l’on n’écoute jamais la réponse!)

Entretien avec Jean-Paul Gavard-Perret, le 17 février 2015.

Camille Cloutier, Exposition, Galerie Ruffieux – Bril, Chambéry, mars - avril 2015.
http://galerieruffieuxbril.com/

http://salon-litteraire.com/fr/interviews/content/1919621-camille-cloutier-paradis-artificiels-ou-non-entretien-avec-l-artiste